Les travaux de rénovation à la pile vestige du pont de la Daurade disparu, devant l’Hôtel Dieu Saint-Jacques viennent d’apporter une belle surprise : une belle statue vient enrichir le patrimoine archéologique de la ville.
S’agirait-il d’une figure de “Saint Jacques le Majeur”, en ce lieu passage vers l’hôpital portant ce nom ?
Le pont de la Daurade était désigné également comme le “pont Couvert”. L’appellation “Pont-Vieux” a pu être usitée en un temps, en référence à l’illustre “Pont-Neuf”, toujours en activité, mais elle ne doit pas induire une confusion avec l’autre ouvrage, retenu comme le “Pont-Vieux” médiéval qui se situait plus en amont..
Deux ponts, deux histoires…
Le pont de la Daurade, entre prieuré et hôpital
Depuis 1168, le pont neuf de la Daurade assurait un rôle considérable dans la vie toulousaine, joignant le port de Viviers (ou de la Daurade) et l’hôpital Notre-Dame (devenu Saint-Jacques). Le comte de Toulouse Alphonse Jourdain avait accordé sa construction au prieuré bénédictin de la Daurade.
Ce “pont couvert” selon son autre appellation hébergeait des boutiques, et était emprunté par les pèlerins et les religieux allant desservir l’hôpital.
Le 1er juin 1636, l’inondation détruisait le pont de la Daurade qui ne fût pas reconstruit. Le magnifique Pont-Neuf très attendu, après une longue construction, venait d’ouvrir en 1632.
Le pont de la Daurade souffrit souvent des crues et inondations ce qui conduisit à remplacer ses arches par un tablier de bois, ce qui imposa une couverture à l’ouvrage. Au titre des curiosités, il comporta un oratoire sur sa cinquième pile, pour conjurer la colère de la Garonne.
La vue depuis la rive gauche de la Garonne et le prieuré de la Daurade, une des plus anciennes photographies de Toulouse (1869), depuis l’Hôtel-Dieu montre la pile subsistante du pont médiéval de la Daurade, encore visible aujourd’hui. Les lavoirs sont bien présents sur le quai.
Le vénérable pont n’offrait plus que le spectacle romantique d’une arche accolée au bâtiment de l’hôpital Saint-Jacques. Une pile en ruines est visible sur une photographie de 1900 ainsi qu’une construction insolite. Le pont comportait deux tours à ses deux extrémités. La terrasse formée par le pont servait jadis de lieu de promenade et d’aération aux “pensionnaires” de l’hôpital
Le Pont-Vieux, de l’aqueduc à la Régine
Plus en amont du fleuve, le Pont-Vieux (ou pont de la Régine) était un peu plus ancien (1141). De l’île de Tounis au faubourg Saint-Cyprien, Il empruntait le tracé de l’aqueduc antique, emprunté par la mystérieuse reine wisigothique, la Reine Pédauque (aux pieds d’oie) qui traversait ainsi la Garonne. On le désignait ainsi sur un plan ancien.
Il subit aussi beaucoup d’avanies et est abandonné au XVIème siècle, en raison de la construction du Pont-Neuf.
Un seul vestige, le rocher de Callèbe, visible sur la photographie de Georges Ancely, face à la prairie des filtres, subsista longtemps : on y brûlait jadis Roi Carnaval !
Il a été dynamité après la deuxième guerre mondiale.
Mentionnons aussi parmi l’existence d’un troisième pont médiéval sur la Garonne, celui du Bazacle est connu dès l’année 1222 mais, détruit par les eaux, il finira sa carrière en 1347.
D’après J. Coppolani, R. Mesuret et J. Frexinos (l’Auta, mai 2018)
(Illustrations : l’Hôte Dieu Saint-Jacques et la pile du pont de la Daurade en travaux. Photographie personnelle. Février 2023. L’église de la Daurade et les vestiges du pont en 1869. Photographie anonyme, août 1869. AMT, Inv. 1Fi861. « Dans l’œil du viseur ». MSR Le rocher de Callèbe, ruine du Pont-Vieux in C. Maillebiau. Toulouse au fil de l’eau . Photographie Georges Ancely, Musée Paul Dupuy. ?)
Reproduction et partage autorisés avec mention de la source et lien vers la publication :
