Mardi 16 avril 1816 : l’explosion des magasins à poudre de l’Île d’Angoulême (au nord de l’île du Ramier du Château) fait trembler la ville, faisant seize victimes. Un événement qui nous rappelle la catastrophe meurtrière à l’Usine AZF en septembre 2001.
En 1670, l’autorité royale établit la Poudrerie de Toulouse qui allait devenir en 1775 une ferme royale. Elle s’établit d’abord à l’extrémité de l’île du Moulin du Château (Narbonnais), appelée aussi Île d’Angoulême et Ile Saint-Louis. Elle faisait face à la la chaussée de Banlève*.
L’explosion de 1816 ravagea les bâtiments : “le magasin à poudre offre une excavation de 7 mètres de profondeur, sur 70 m de largeur”. Toutes les vitres de Toulouse étaient brisées.
“On trouva une infinité de membres et vêtements dans les différentes parties de l’île .. sur la rive opposée du fleuve, près de la Barrières de Muret”. Onze ouvriers avaient péri dont le fils du directeur de la Poudrerie, M. Royer-Desgranges et “une femme de Pouvourville qui arrachait du chiendent sur le Ramier”. (F. Pifteau)
L’événement eut un large retentissement. Un auteur anonyme fit paraître un poème “L’explosion de la Poudrière” au profit des ouvriers. Dans l’Almanach de Bâle, “ le Messager boiteux” parut un dessin fantaisiste (d’après une gravure sur bois).
On ne compta pas moins de six explosions dans l’histoire de ce site, dont 1817, 1822 et 1840. Au milieu du dix-neuvième siècle, la poudrerie déménagea sur le sud de l’île, au Ramier d’Empalot. Des vestiges des bâtiments de broyage des poudres subsistent sur le site.
Toulouse était appelée naguère “Poudreville”
La poudrerie employait 130 employés en 1875. Elle s’étendit ensuite au sud. En 1939-1940, elle comptait 10 000 ouvriers ! De nouvelles explosions intervinrent en 1875, 1917 et 1960.
* François 1er avait autorisé l’établissement d’un moulin à poudre par les Capitouls sur l’île de Tounis. Il fonctionna près de cent ans.
Références : Fernand Pifteau, Bulletin municipal. 1939. Site fdmf. https://fdmf.fr/les-moulins-a-poudre-de-toulouse-un-patrimoine-a-conserver/ Illustrations : BMT, décembre 1939, Gallica. Toulouse. La poudrerie nationale. Usine de produits explosifs dite la Poudrerie Nationale. Vers 1914. Direction des Archives municipales de Toulouse.9Fi4197